Collaborations. Aujourd’hui encore, malgré l’éloignement et la brièveté de cette séquence politique – cinq ans – le mot claque comme une insulte. La période apparaît comme une tâche sombre dans l’histoire contemporaine, une honte pour les hommes qui l’ont mis en place et animé, une faille sinistre dans la société et dont le solde n’en finit pas d’être digéré.
Mais que fut précisément la Collaboration ? Quelle en fut la spécificité française ? Les traits communs à toute l’Europe occupée ? Qui en furent les inspirateurs et les acteurs ? Quels dégâts provoqua t-elle pour le pays ? Et comment l’occupant allemand joua dans son intérêt avec cette volonté française de « collaborer » avec lui ?
Le film de Gabriel Le Bomin restitue cette période opaque durant laquelle la tragédie, le cynisme, la duplicité, la sincérité, le grotesque et le cruel se conjuguent en de nombreux mouvements complexes et contradictoires.
Car la Collaboration est plurielle, divisée parfois contre elle-même, peuplée d’êtres désaccordés et rivaux : les « Maréchalistes », si puissants en 1940 et dont l’influence se réduit comme une peau de chagrin, confortant les aventuriers fascisants, les « Collaborationnistes » qui rêvent d’une jeunesse hitlérisée à la française.
Complexe aussi parce que pour collaborer, il faut être deux. L’une des originalités de ce film consiste à créer un contre-champ qui donne le point de vue des Allemands sur la Collaboration.
Comment les Allemands perçoivent-ils cet engagement du gouvernement de Vichy à servir les intérêts du pays vainqueur ? Comment les autorités allemandes ont joué avec tout cela, poussant les ambitions des uns, s’appuyant sur la faiblesse des autres, pour serrer ou desserrer l’étau autour de la France ?

Car si les tenants de la Collaboration sont convaincus que cette politique permettra à la France de compter aux côtés de l’Allemagne dans une nouvelle Europe, les dirigeants allemands ont une toute autre vision: la France est un pays vaincu, dont l’Allemagne fera son vassal après l’avoir vidé de toutes ses richesses.
Dès le départ existe un décalage total entre les aspirations des uns et la volonté des autres.
C’est sur ce décalage entre les aspirations des uns et la volonté inflexible des autres et dans la manipulation qui en découle que se construit en partie la dramaturgie de ce film.

C’est l’histoire de ces rudes années, de ce moment politique, social et culturel unique que nous  racontons avec ce documentaire de 90 minutes.
Un film totalement construit avec des images d’archives, restaurées, colorisées, sonorisées et raconté par la voix d’un grand comédien.

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