Une image – celle d’un homme qui tourne le dos et part vers l’inconnu. Une figure légendaire – celle d’un aventurier, d’un demi-dieu, d’un sorcier, d’un fou vivant avec les « indigènes ». C’est peu dire qu’Henry de Monfreid est un homme hors du commun.  

Comment devenir à part entière cet écrivain des terres d’Arabie et d’Abyssinie, de l’Éthiopie, du Kenya, de la Somalie et de la Mer Rouge, ce photographe, ce peintre, ce documentariste, cet éleveur et négociant en huîtres perlières, ce fameux contrebandier d’armes et de haschich, enfin cet espion ? C’est le mystère Monfreid, qui prend des risques inconsidérés, échappe des dizaines de fois à la mort pour mourir tranquillement dans son lit à 95 ans.

Monfreid a vécu mille et une vies aux confins de la péninsule Arabique et de la Corne de l’Afrique, une vie que l’on peut rêver ou fantasmer à travers ses soixante-quatorze livres, ses séries d’entretiens télévisuels et radiophoniques. Mais que l’on peut retracer de manière bien plus sûre à travers sa correspondance, ses carnets et ses journaux de bord.  

« Monfreid, l’homme-Océan » est un portrait de ce personnage ambivalent qui aura fasciné des générations de lecteurs pour en effrayer d’autres par sa profonde singularité, son jusqu’au-boutisme, et son ambiguïté. Nous traiterons trente années de sa vie, la période qui s’étend de 1911 à 1942, de loin la plus romanesque, la plus intrigante et la plus controversée.